Auteur/autrice : Joséphine Novelli-Gambini

Programme Session 2025

RÉPONDRE AUX URGENCES CONTEMPORAINES

Durée : 36.00 heures (6.00 jours)

Horaires : 08h30 – 13h30 / Date : Du 18 janvier 2025 au 14 juin 2025
Pour les samedis 5 avril et 14 juin : 08h30 – 13h30 et 15h – 18h

Type d’action : Action de formation / Formation en présentiel et distanciel / Langue : français

Qualité et indicateurs de résultats*:

  • Evaluation de la satisfaction pour la session 2024 : 9.17/10 soit 91.7%
  • Utilité de la formation : 9.04/10 soit 90.4%
  • Nombre de participants : 24
  • Formation recommandée par 100% des participants répondant à l’enquête
  • Taux de fidélité (taux de réinscription) : 70.83%

Indicateurs de résultats obtenus suite à une enquête de satisfaction à chaud. Taux de retour de 95.83%.

 Lieux :

En présentiel :

  • IFRTS BASTIA, Route de Ville, Couvent des Capanelle, 20200 Bastia
  • Hôtel BestWestern Montecristo Bastia, Avenue Jean Zuccarelli, 20200 Bastia


En distanciel :

  • via le logiciel zoom


Accessibilité
:

Nos formations peuvent être accessibles aux personnes en situation de handicap. Pour les personnes en situation de handicap, merci de contacter notre référent handicap Martine Torre au 06 15 90 22 92 et/ou par mail : antenbastia@gmail.com, afin de vous accompagner et vous orienter au mieux dans votre demande et vos démarches.

Modalité d’entrée en formation :

Pour toute inscription, veuillez remplir et retourner le bulletin d’inscription soit via le site www.uforca-bastia.fr, soit par courrier à UFORCA-Bastia, Le Flora, 5, route du tennis, Miomo, 20200 Santa Maria di Lota.

Première inscription : Admission après entretien avec l’enseignant Coordinateur

  • Jean-Pierre DENIS au 04 95 33 92 52


Réinscription
:
Questionnaire de préformation ICI

Délai d’accès : Inscription possible jusqu’à 1 mois avant le début de la formation

Tarif de la formation :

  • Inscription à titre individuel : 150.00 euros
  • Inscription pour les étudiants de moins de 26 ans et demandeurs d’emploi (joindre justificatif) : 50.00 euros
  • Inscription au titre de la formation permanente : 450.00 euros


Profils des participants
:

  • Psychanalystes
  • Psychologues
  • Psychiatres
  • Médecins
  • Internes en psychiatrie
  • Travailleurs de la santé mentale et du champ social


Prérequis
:

  • Niveau 5 (Deuxième année universitaire)
  • Connaissances en psychanalyse
  • Prérequis informatiques : il est recommandé d’avoir un ordinateur, une connexion wifi, un casque ou des écouteurs, et l’usage de la visioconférence zoom

 

Objectifs pédagogiques

Objectifs pédagogiques du programme :

  • Définir la notion d’urgence dans le champ de la psychanalyse
  • Savoir identifier les concepts opératoires de la psychanalyse pour répondre aux urgences contemporaines
  • Pouvoir utiliser ces notions pour repérer et traiter les cas d’urgence dans la pratique

 

Contenu de la formation

Progression pédagogique du programme :


18 janvier 2025

  • Séminaire théorique : Introduction : « Urgence subjective » – Jean-Pierre DENIS
    • Il s’agira de déplier ce que Lacan entend par « urgence subjective ».
    • Face à cette urgence, nous aborderons comment la psychanalyse peut y « répondre », notamment à partir de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique.
  • Introduction à la psychanalyse : Le schéma L, de Jacques Lacan, par Martine Torre
    • Il s’agira de faire saisir l’effort de Lacan pour sortir la psychanalyse de la dérive de l’ego-psychologie.
    • Pour ce faire, nous déplierons la distinction que Lacan introduit entre la dimension du langage et l’imaginaire, entre le sujet et son moi, ainsi que la différence entre la dimension intersubjective et l’axe imaginaire.
  • Conversation clinique avec un patient


1er février 2025

  • Séminaire théorique : Brancher, débrancher, rebrancherPhilippe DE GEORGES
    • Il s’agira de faire la distinction entre le « déclenchement » d’une psychose qui appartient à la perspective structurale et le « débranchement » qui relève de la clinique des nouages singuliers.
    • La clinique du débranchement suppose de pouvoir repérer l’élément qui a lâché et qui faisait « branchement » et ce, dans la visée d’obtenir un éventuel « rebranchement » et « améliorer » ainsi « la position du sujet ».
  • Atelier d’élucidation des pratiques
  • Conversation clinique avec un patient


15 mars 2025

  • Séminaire théorique : La fonction de l’ego dans l’enseignement de LacanMartine TORRE
    • Nous déplierons la notion d’ego dans l’enseignement de Lacan.
    • Nous envisagerons ensuite comment la fabrique d’un « ego » peut venir pallier le dénouage des dimensions RSI.
  • Introduction à la psychanalyse : Le schéma R, dans l’enseignement de Lacan, par Jean-Pierre Denis
    • Il s’agira d’étudier le passage du schéma L au schéma R qui complexifie l’articulation des dimensions propres à l’être humain.
    • La complexification des champs de l’imaginaire et du symbolique, l’introduction du Nom-du-Père et du phallus, ainsi que celle du champ de la réalité, seront particulièrement dépliées.
  • Conversation clinique avec un patient


5 avril 2025

  • Séminaire théorique : Comment faire limite à la jouissance en excèsMarie Rosalie DI GIORGIO
    • Nous étudierons ce qui vient faire limite à la jouissance aujourd’hui, à l’ère post œdipienne.
    • Nous envisagerons cette thématique dans une perspective différentielle et dans la perspective de la singularité du parlêtre.
  • Conférence du Champ freudien : À l’écoute du traumatisme – Guy BRIOLE
    • Nous aborderons dans un premier temps le contexte sociologique moderne dans lequel le concept de traumatisme se voit infléchi selon deux tendances : banalisation et collectivisation. Cela opère un déplacement des coordonnées du sujet vers l’accentuation des caractéristiques du traumatisme.
    • Nous envisagerons dans un deuxième temps la perspective psychanalytique pour laquelle le traumatisme cela s’écoute comme cela se conçoit. Chaque sujet peut être confronté à la rencontre de ce qui, dans un événement, fait accident. C’est ça le trauma, ce qui fait trou, effraction du réel. Lacan a toujours soutenu que la responsabilité du sujet est engagée dans un événement qui a pu lui faire entrevoir quelque chose de la mort.
  • Atelier d’élucidation des pratiques
  • Conversation clinique avec un patient


17 mai 2025

  • Séminaire théorique : Trauma !Joséphine NOVELLI-GAMBINI
    • Il s’agira de partir de la notion de traumatisme chez Freud pour en arriver aux derniers développements chez Lacan.
    • Dans un second temps, nous nous intéresserons à la perspective ouverte par la psychanalyse qui souligne combien l’expérience subjective du traumatisme est singulière et privilégie « ce que le sujet en fait ».
  • Introduction à la psychanalyse : La métaphore paternelle, par Marie Rosalie Di Giorgio
    • Il s’agira de déplier la reprise par J. Lacan de l’Œdipe freudien, en s’appuyant sur l’apport de la linguistique structurale, ce qui se traduira par la formalisation de la métaphore paternelle.
  • Conversation clinique avec un patient


14 juin 2025

  • Conversation annuelle : Répondre à l’urgence dans la clinique contemporaine, animée par Ligia GORINI
    • Conversation, à partir de cas présentés par des participants, autour de la façon de répondre à l’urgence dans la clinique de l’enfant et de l’adolescent.
    • Table ronde : « Comment répondre aux tristesses du temps présent ».
    • Conversation clinique avec un patient : Cette conversation singulière avec un patient permettra aux participants de saisir comment répondre à l’urgence psychiatrique au cas par cas.
  • Une conférence de Ligia GORINI viendra clôturer le travail de la session de formation : Le trauma aujourd’hui
    • Crise sanitaire et économique, changement climatique, violences guerrières. Incontestablement, le malaise contemporain génère chez les jeunes incertitude et angoisse. Attaques de panique, éco-anxiété, tableaux dépressifs et conduites suicidaires. Des situations de crise, de rupture et traumatisme se font de plus en plus fréquentes, dans une population de plus en plus jeune.
    • Comment s’orienter dans la clinique ? La psychanalyse propose un traitement de l’urgence subjective qui vise à rétablir le lien du sujet à la parole et à son histoire, en dehors des catégories diagnostiques ou protocoles de soins.

 

Organisation de la formation

Équipe pédagogique :

Les enseignants, médecins ou psychologues de formation, pratiquent la psychanalyse et sont membres de l’École  de la Cause freudienne ou de l’Association de la Cause freudienne.

Coordination de la formation :

  • M. Jean-Pierre DENIS

Enseignants :

  • M. Jean-Pierre DENIS, psychologue, Membre de l’École de la Cause freudienne
  • Dr Philippe DE GEORGES, psychiatre, Membre de l’École de la Cause freudienne, enseignant à la Section clinique de Nice
  • Mme Marie Rosalie DI GIORGIO, psychologue, Membre de l’École de la Cause freudienne
  • Mme Joséphine NOVELLI-GAMBINI, psychologue, Membre de l’Association de la Cause freudienne
  • Mme Martine TORRE, psychologue, Membre de l’Association de la Cause freudienne

Référente technique et pédagogique pour le distanciel :

Invités :

  • Dr Guy Briole, psychiatre, professeur du Val-de-Grâce, fut chef du service de psychiatrie de l’Hôpital du Val-de-Grâce durant 17 ans, membre de l’École de la Cause freudienne
  • Dr Ligia Gorini, pédopsychiatre, cheffe de pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’EPS de Ville-Évrard, membre de l’École de la Cause freudienne

Moyens pédagogiques et techniques :

 La formation se déroulera dans le respect du programme de formation et selon les modalités suivantes :

  • Accueil des participants dans une salle dédiée à la formation.
  • Documents supports de formation.
  • Bibliographie recommandée.
  • Mise à disposition de documents supports à la suite de la formation.
  • Utilisation d’un logiciel de visioconférence.
  • Séquençage de l’enseignement sur le modèle suivant :
    • Séminaires théoriques : animés par les enseignants qui interviendront successivement sur le thème choisi pour l’année.
    • Introduction à la psychanalyse : cette séquence visera à fournir aux participants les bases nécessaires pour faciliter le suivi de la formation et s’orienter dans le champ de la clinique psychanalytique, et en particulier dans le champ de la psychose.
    • Conférences : Des enseignants, invités, membres de l’École de la Cause freudienne, apporteront leur contribution en lien avec le thème de l’année.
    • Ateliers d’élucidation des pratiques avec exposition et discussion de cas : Un participant exposera un travail clinique à partir de sa propre pratique, élaboré en amont avec un enseignant tuteur. Après l’exposé, l’enseignant reprendra le cas en faisant apparaître ce qui en constitue la singularité et la logique à l’œuvre. Il s’agira de mettre à la discussion la question du diagnostic différentiel et les choix cliniques qui s’en déduisent quant aux interventions à opérer.
    • Conversations cliniques avec un patient : Les conversations se déroulent entre un psychanalyste et un patient d’un hôpital. Ces conversations singulières visent à permettre aux participants de saisir comment répondre à l’urgence psychiatrique au cas par cas. La conversation clinique avec le patient sera transcrite pour la prochaine session et servira de support à la production par les participants d’un écrit ou d’un retour écrit par l’enseignant.

Dispositif de suivi de l’exécution de l’évaluation des résultats de la formation :

  • Feuilles de présence.
  • Formulaires d’évaluation de la formation.
    • Évaluation des acquis :
      • Rédaction et discussion de cas cliniques.
      • Questionnaires en fin de formation.
    • Évaluation de la satisfaction :
      • À la fin de la formation (à chaud).
  • Certificat de réalisation de l’action de formation.

Création : octobre 2024

Programme

Livret d’accueil 2024

Brochure 2024

Séquences pédagogiques 2024

L’enseignement de l’Antenne clinique de Bastia se déroulera sur 6 rencontres de janvier 2024 à juin 2024 : samedi 20 janvier, samedi 17 février, samedi 16 mars, samedi 13 avril, samedi 18 mai, samedi 22 juin.

Cet enseignement comportera 6 modules :

Séminaire théorique

Ce Séminaire sera animé par l’équipe enseignante qui interviendra successivement sur le thème choisi pour l’année : Introduction au maniement de l’interprétation. Une discussion suivra chacun des exposés théoriques.

Atelier de lecture (janvier, mars, mai)

Les participants seront invités à lire et à commenter des extraits de textes de Freud, de Lacan et de Jacques-Alain Miller, en écho étroit avec le séminaire théorique.

Atelier d’élucidation des pratiques cliniques (février, avril)

L’atelier d’élucidation des pratiques cliniques se donne pour tâche d’accueillir des situations cliniques préparées par les participants, de cerner avec eux ce qui, dans chaque cas, en constitue la singularité, d’en dégager la logique, et de mettre à la discussion la question du diagnostic différentiel et les choix cliniques impliqués.

Conversation clinique avec un patient

La conversation est assurée par Jean-Pierre Denis, dans le service du Docteur N. Graziani, chef de service du IIe secteur de Psychiatrie, en présence de l’équipe soignante. Elle sera enregistrée et sera retransmise le samedi matin. Au regard des obligations de confidentialité exigibles, la Conversation clinique ne sera retransmise qu’en présentiel, et après signature d’un engagement de confidentialité.

Conférences du Champ freudien

Nous recevrons deux invités : le samedi 17 février 2024, Hervé Castanet, psychanalyste à Marseille, Professeur des Universités en psychopathologie clinique, membre de l’ECF et de l’AMP, coordinateur de la Section clinique d’Aix-Marseille, et le samedi 22 juin 2024, Alexandre Stevens, psychiatre, psychanalyste à Bruxelles, membre de l’ECF et de l’AMP, enseignant à la Section clinique de Bruxelles. Cette deuxième conférence s’inscrira dans le cadre de la Conversation annuelle de l’Antenne clinique de Bastia.

Conversation annuelle de l’Antenne clinique de Bastia

La Conversation annuelle se dépliera sur une journée et permettra d’échanger autour de cas cliniques et d’une conversation clinique avec un patient. Elle sera animée par notre invité, Alexandre Stevens, qui conclura cette journée par une Conférence.

  • 08h45 – 10h45 : Conversation autour de l’interprétation dans la clinique de l’enfant
  • 11h00 – 13h00 : Conversation clinique avec un patient
  • 15h00 – 18h00 : Conférence

Le séminaire théorique, l’atelier de lecture, l’atelier d’élucidation des pratiques et la conversation clinique avec un patient auront lieu le samedi matin de 8h30 à 13h30 au Couvent des Capanelle, 4 Route de Ville, à Bastia. C’est dans ce même lieu que se tiendra la Conversation annuelle. Les enseignements de l’Antenne clinique de Bastia se dérouleront en présentiel au Couvent des Capanelle. La possibilité de les suivre en visioconférence est maintenue, sauf pour la séquence « Conversation clinique avec un patient ».

Hervé Castanet et Alexandre Stevens tiendront leur conférence à l’Hôtel Best Western à Bastia.

Présentation de l’AcB

Du Séminaire de Jacques Lacan (1953-1980, en cours de publication), on peut dire qu’il a assuré à lui seul la formation permanente de plusieurs générations de psychanalystes. Cet enseignement, qui restitua et renouvela le sens de l’œuvre de Freud, inspire de nombreux groupes psychanalytiques. À l’origine de la création du Département de psychanalyse, il continue d’orienter son travail. L’Institut du Champ freudien se consacre à son développement.
Le Département de psychanalyse existe depuis 1968. Rénové en 1974 par Jacques Lacan, qui resta son directeur scientifique jusqu’à sa mort en septembre 1981, il fait aujourd’hui partie de l’Université de Paris VIII.
L’Institut du Champ freudien s’inscrit dans le cadre associatif. Il a pris la suite, en 1987, du Cercle de clinique psychanalytique (1976). Secrétariat : 74, rue d’Assas, 75006 Paris. Cet Institut assure une mission d’enseignement et de recherche. Il a donné naissance à un ensemble de Sections, Collèges, Antennes et Programmes cliniques.
Après plus d’une dizaine d’années de fonctionnement sous les statuts de Programme psychanalytique de Bastia, l’Antenne clinique de Bastia voit le jour le 30 septembre 2022. Le Programme psychanalytique de Bastia avait été élaboré à partir de la présentation de malades inaugurée à Bastia par Viviane Marini-Gaumont en 1994, dans le but d’ouvrir à moyen terme une Antenne clinique en Corse, à Bastia.
L’enseignement de cette Antenne clinique s’adresse aux psychiatres, médecins, psychologues, internes en psychiatrie, mais aussi aux psychanalystes, aux travailleurs de la « santé mentale » et du champ social.
Participer à l’Antenne clinique de Bastia n’habilite pas à l’exercice de la psychanalyse.

Prologue de Guitrancourt

Nulle part au monde il n’y a de diplôme de psychanalyste. Et non pas par hasard, ou par inadvertance, mais pour des raisons qui tiennent à l’essence de ce qu’est la psychanalyse.

On ne voit pas ce que serait l’épreuve de capacité qui déciderait du psychanalyste, alors que l’exercice de la psychanalyse est d’ordre privé, réservé à la confidence que fait le patient à un analyste du plus intime de sa cogitation.
Admettons que l’analyste y réponde par une opération, qui est l’interprétation, et qui porte sur ce que l’on appelle l’inconscient. Cette opération ne pourrait-elle faire la matière de l’épreuve ? – d’autant que l’interprétation n’est pas l’apanage de la psychanalyse, que toute critique des textes, des documents, des inscriptions, l’emploie aussi bien. Mais l’inconscient freudien n’est constitué que dans la relation de parole que j’ai dite, ne peut être homologué en dehors d’elle, et l’interprétation psychanalytique n’est pas probante en elle-même, mais par les effets, imprévisibles, qu’elle suscite chez celui qui la reçoit, et dans le cadre de cette relation même. On n’en sort pas.
Il en résulte que c’est l’analysant qui, seul, devrait être reçu pour attester la capacité de l’analyste –, si son témoignage n’était faussé par l’effet de transfert, qui s’installe aisément d’emblée. Cela fait déjà voir que le seul témoignage recevable, le seul à donner quelque assurance concernant le travail qui s’est fait, serait celui d’un analysant après transfert, mais qui voudrait encore servir la cause de la psychanalyse.
Ce que je désigne là comme le témoignage de l’analysant est le nucleus de l’enseignement de la psychanalyse, pour autant que celui-ci réponde à la question de savoir ce qui peut se transmettre au public d’une expérience essentiellement privée.
Ce témoignage, Jacques Lacan l’a établi, sous le nom de la passe (1967) ; à cet enseignement, il a donné son idéal, le mathème – du grec mathema, ce qui s’apprend – (1974). De l’une à l’autre, il y a toute une gradation : le témoignage de la passe, encore tout grevé de la particularité du sujet, est confiné à un cercle restreint, interne au groupe analytique ; l’enseignement du mathème, qui doit être démonstratif, et pour tous – et l’expérience se poursuit en France depuis quatorze ans ; elle s’est fait déjà connaître en Belgique par le Champ freudien ; elle prendra dès janvier prochain la forme de la « Section clinique ».
Il me faut dire clairement ce que cet enseignement est, et ce qu’il n’est pas.
Il est universitaire ; il est systématique et gradué ; il est dispensé par des responsables qualifiés ; il est sanctionné par des diplômes.
Il n’est pas habilitant quant à l’exercice de la psychanalyse. L’impératif formulé par Freud qu’un analyste soit analysé, a été non seulement confirmé par Lacan, mais radicalisé par la thèse selon laquelle une analyse n’a pas d’autre fin que la production d’un analyste. La transgression de cette éthique se paie cher – et à tous les coups, du côté de celui qui la commet.
Que ce soit à Paris, à Bruxelles ou à Barcelone, que ses modalités soient étatiques ou privées, il est d’orientation lacanienne. Ceux qui le reçoivent sont définis comme des participants : ce terme est préféré à celui d’étudiant, pour souligner le haut degré d’initiative qui leur est donné – le travail à fournir ne leur sera pas extorqué : il dépend d’eux ; il sera guidé, et évalué. Il n’y a pas de paradoxe à poser que les exigences les plus strictes portent sur ceux qui s’essayent à une fonction enseignante dans le Champ freudien sans précédent dans son genre : puisque le savoir, s’il prend son autorité, de sa cohérence, ne trouve sa vérité que dans l’inconscient, c’est-à-dire d’un savoir où il n’y a personne pour dire « je sais », ce qui se traduit par ceci, qu’on ne dispense un enseignement qu’à condition de le soutenir d’une élaboration inédite, si modeste soit-elle. Il commence par la partie clinique de cet enseignement.
La clinique n’est pas une science, c’est-à-dire un savoir qui se démontre ; c’est un savoir empirique, inséparable de l’histoire des idées. En l’enseignant, nous ne faisons pas que suppléer aux défaillances d’une psychiatrie à qui le progrès de la chimie fait souvent négliger son trésor classique ; nous y introduisons aussi un élément de certitude (le mathème de l’Hystérie). Les présentations de malades viendront demain étoffer cet enseignement. Conformément à ce qui fut jadis sous la direction de Lacan, nous procéderons pas à pas.

Jacques-Alain Miller, 15 août 1988

Éléments de Bibliographie – Session 2024

FREUD S., BREUER J., Études sur l’hystérie (1895), Paris, PUF, 1971, p. 47.

FREUD S., Le rêve de l’injection faite à Irma, L’interprétation du rêve (1900), chapitre II, traduction inédite par J.-P. Lebebvre, Paris, Seuil, 2010, pp.144-159.

FREUD S., « Le maniement de l’interprétation des rêves en psychanalyse » (1912), La technique psychanalytique, chapitre V, Paris, PUF, 1975.

FREUD S., « Constructions dans l’analyse » (1937), Résultats, idées, problèmes II, Paris, PUF, 1985, p.271.

LACAN J., « Intervention sur le transfert » (1951), Écrits, Paris, Seuil, 1966, p.226.

LACAN J., « Fonction et champ de la parole et du langage » (1953), Écrits, Paris, Seuil, 1966.

LACAN J., Le Séminaire, Livre II, Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique (1954-1955), texte établi par J.-A. Miller, Seuil, Paris, 1980, chap. XIII et XIV.

MILLER J.-A., « L’interprétation à l’envers », La Cause freudienne, n°32, Navarin/Seuil, Paris, février 1996.

MILLER J.-A., « L’interprétation est une ponctuation », Histoires de… Psychanalyse, France Culture, 7 juin 2005, disponible sur le site : lacan.com/millerlecture.htm.

MILLER J.-A., Le transfert négatif, Paris, Navarin /Seuil, 2006, p. 49.

MILLER J.-A., « Lire un symptôme », Mental, n°26, Comment la psychanalyse opère, juin 2011, pp. 49-60.

MILLER J.-A., L’os d’une cure, Paris, Navarin éditeur, 2018.

LAURENT É., « Les traitements psychanalytiques des psychoses », Les Feuillets du Courtil, n°21, février 2003.

LAURENT É., « Interpréter la psychose au quotidien », Mental, n°16, Pragmatique et politique du symptôme, octobre 2005.

LAURENT É., « L’interprétation : De la vérité à l’évènement », Argument NLS, De la vérité à l’évènement, Gand, 2020.

DEFFIEUX J.-P., « Éclats d’interprétation », La Cause du désir, n° 108, Pas d’écoute sans interprétation, Navarin éditeur, juillet 2021, pp. 138-141.

DUPONT L., « L’interprétation est une discontinuité », La Cause du désir, n° 108, Pas d’écoute sans interprétation, Navarin éditeur, juillet 2021, pp. 66-71.

LEGUIL C., « Consentir à l’interprétation », Ironik !, n°51, juillet 2022, (en ligne).

MILLER D., « Désir », Scilicet, L’ordre symbolique au XXIème siècle, Paris, EURL Huysmans, 2011, pp.98-99.

MONRIBOT P., « L’interprétation lacanienne du symptôme », Section clinique de Nantes, 2010, (en ligne).

SOKOLOWSKY L., « Ce que parler veut dire », Ironik ! n°36, 27 mai 2019, (en ligne).

STEVENS A., « L’interprétation lacanienne », La Cause freudienne, n°72, La désinsertion subjective, novembre 2009, pp. 137-140.

VIGNERON T., ORTÉGA A.., MATHEY D., REBIBOU R., « Nouvelles hystériques », Comment s’orienter dans la clinique, Le Paon, Le Champ freudien Éditeur, 2018.

Interpréter l’enfant, La petite Girafe, n°3, Navarin, 2015.

Argument – Session 2024

  L’interprétation, du moins celle que Freud met à jour en psychanalyse, est au cœur de la pratique analytique, car c’est elle qui œuvre au dévoilement de l’inconscient, et qui confronte le sujet au contenu inconscient de ses propres dires et de ses symptômes.
  Son premier modèle fût le rêve où Freud dégagea à partir du récit, contenu manifeste, le sens du rêve, encore insu du rêveur, mais qui se formule dans le contenu latent des associations libres.
  D’où sa formule canonique : « L’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique1 »
  Bien entendu, le terme d’interprétation s’applique aussi à l’acte manqué, au lapsus, à la répétition, à l’acting out, voire au délire, et l’on attend de l’interprétation qu’elle traite le symptôme par la parole. Car c’est bien le génie de Freud que d’avoir montré en quoi ces phénomènes disruptifs, et ces formations de l’inconscient, selon la formule de Lacan, ne relèvent pas d’un déficit, mais ressortent de mécanismes langagiers inconscients dont la prise de conscience, la subjectivation, n’est pas sans effet d’allègement.
  Néanmoins, dès le début de ses recherches sur le symptôme hystérique, Freud vérifiait que derrière le versant symbolique du symptôme qui, dans le transfert, s’ouvre au déchiffrage et à l’interprétation, reste le versant économique, dans lequel la pulsion sexuelle refusée trouve à se satisfaire de manière substitutive.
  D’où une perte de confiance des analystes, à l’orée des années vingt, envers la parole du patient. Ça ne marchait plus aussi bien que du temps des premières hystériques analysées par Freud, et de là s’ensuivit une première série de déviations : « Ils ont essayé́ », protesta Freud, « de comprimer le travail analytique en un temps réduit, d’accroître le transfert pour qu’il l’emporte sur toutes les résistances, de combiner avec lui d’autres modes d’influence afin d’arracher la guérison ». Pourquoi rappeler, aujourd’hui, ce moment de crise ? Sinon parce que ce sont ces courants visant à « arracher la guérison », en oubliant que le symptôme assure une fonction de compromis, très souvent essentielle pour le sujet, qui ont fait le lit des thérapies actuelles axées sur une rééducation comportementale à tout crin. À de nombreuses reprises, Jacques Lacan nous met en garde en soulignant leur point commun, à savoir que pour « arracher la guérison », il faut commencer par discréditer la parole, et s’en tenir à la suggestion pour consolider le Moi.
  Alors pour redonner à l’interprétation tout son lustre, et toute sa vertu, et pas seulement dans le champ de la cure analytique, mais aussi dans celui des psychothérapies orientées par la psychanalyse, l’Antenne clinique de Bastia propose comme thème de travail pour la session 2024 :

Introduction au maniement de l’interprétation

  Et pour cela, nous commencerons par relire les fondements freudiens, non seulement ceux qui mettent en valeur la dimension langagière de l’inconscient, mais ceux qui relèvent de cette satisfaction obscure et méconnue qui est à l’œuvre au cœur du symptôme.
  Puis, nous déplierons les ressorts de l’interprétation lacanienne, ses audaces inventives dans le champ de l’inconscient transférentiel, et comment on peut s’en servir au regard des trois catégories, imaginaire, symbolique et réel.
  Le rappel de la déviation des années 20 nous permettra de souligner la différence entre suggestion et transfert, et nous nous tournerons ici sur la clinique, aujourd’hui, des psychologues dans les services de soin d’où surgissent de nouvelles questions : Comment soutenir la causalité psychique à l’hôpital ? Et quid de l’interprétation là où il est d’abord question d’organisme ?
  Il s’agira ensuite de nous arrêter sur ce texte fondamental de Jacques-Alain Miller, de 1995, « L’interprétation à l’envers », qui met en valeur une autre voie de l’interprétation, et plus précisément, une voie où « l’interprétation proprement analytique – conservons le mot – fonctionne à l’envers de l’inconscient.2 » Cette intervention de Jacques-Alain Miller posant que « l’âge de l’interprétation est derrière nous » nous permettra alors de déplier ce qu’il en est de l’interprétation au regard de l’extension des modes de jouissance du monde contemporain, dans un moment où l’impératif de jouissance l’emporte sur le désir de savoir.

  Et enfin, la session se conclura en juin par une Conversation annuelle autour de l’interprétation dans la clinique de l’enfant : autisme, psychose infantile, prépsychose, troubles dys, enfance abandonnée, en danger. Comment orienter nos interprétations ?
  Cette conversation sera animée par Alexandre Stevens.

  Ajoutons que dans le cadre des conférences du Champ freudien, ouvertes au public, Hervé Castanet interviendra le samedi 17 février sur la question : Quid de l’interprétation dans le champ de la psychose ? et Alexandre Stevens le samedi 22 juin sur la clinique de l’enfant.

  Enfin, et en amont de cette session, nous vous invitons à suivre les prochaines Journées de l’École de la Cause freudienne, qui auront lieu les 18 et 19 novembre 2023 à Paris, et qui porteront justement sur ce qui fait le cœur de la praxis analytique, « Interpréter, scander, ponctuer, couper », des questions qui ne manqueront pas d’enrichir notre réflexion.

 


 

1 Freud S. L’interprétation du rêve, traduction de Jean-Pierre Lefebvre, Paris, Seuil, 2010.
2 Miller J.-A., « L’interprétation à l’envers », La Cause freudienne, n°32, février 1996, Navarin Seuil, p.13.

Nos indicateurs qualité – 2023

  • Évaluation de la satisfaction pour la session 2023 : 9.46/10
  • Utilité de la formation : 9.31/10
  • Nombre de participants : 30
  • Formation recommandée par 100% des participants répondant à l’enquête

* Indicateurs de résultats obtenus suite à une enquête de satisfaction à chaud. Taux de retour de 84%.

Evaluation de la satisfaction pour la session 2023 :
9,46/10 - Nombre de participants : 30 et un taux de retour de 84 %.
Utilité de la formation :
9,31/10 - Nombre de participants : 30 et un taux de retour de 84 %.
Formation recommandée par 100% des participants répondant à l’enquête
Nombre de participants : 30 et un taux de retour de 84 %. 100%

Indicateurs de résultats obtenus suite à une enquête de satisfaction à chaud.