Argument – Session 2025

  La psychanalyse change, c’est un fait, car nous sommes confrontés à du nouveau, en particulier avec la sexualité radicalement bouleversée par l’évolution des mœurs et de la technique, mais plus largement, dans tout ce qui touche à notre subjectivité, où certains voudraient que le problème de la relation de la pensée à l’être ne relève plus que de l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM). D’où de nouvelles formes du malaise dans la civilisation, et de nouvelles urgences subjectives.

  L’orientation prise par l’École de la Cause freudienne reste de ne pas reculer devant les bouleversements majeurs de nos sociétés, et de « rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque » selon la formule déjà ancienne de Jacques Lacan[1].

  On voit aujourd’hui que cette orientation met les praticiens d’orientation psychanalytique devant un nouveau pari : le pari consiste en effet à concevoir le psychanalyste comme un « objet nomade », selon la formule de Jacques-Alain Miller[2], « et la psychanalyse comme une installation portable, susceptible de se déplacer dans des contextes nouveaux », c’est-à-dire à même de se confronter aux nouvelles urgences du malaise contemporain, avec ses expériences traumatiques, de plus en plus collectives, où nos repères majeurs et nos significations routinières sont brutalement mis sens dessus dessous.

  D’où notre thème de travail pour la session 2025 : 

Répondre aux urgences contemporaines

  Il s’agira de vérifier que cet « objet nomade » est plutôt du côté de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique, mais en tant qu’elle découle des concepts lacaniens propres à l’acte analytique, à savoir que les effets psychanalytiques ne tiennent pas au cadre mais au discours, ne tiennent pas à l’emplacement du cabinet, ni à la nature de la clientèle, mais tiennent à l’expérience dans laquelle l’analyste s’est engagé.

  Dans cette perspective, le point que nous voudrions expliciter cette année, c’est la très nette distinction entre les pratiques où « un sujet est invité à déblatérer à tire-larigot[3] », sur le mode du parler ça fait du bien, et les dispositifs psychanalytiques se proposant comme « lieu de réponse », orientés maintenant par une clinique borroméenne à même d’envisager toute la gamme des possibilités de nouage entre symbolique, imaginaire, et réel, sans oublier les apports antérieurs de l’enseignement de Jacques Lacan.

  Une nouvelle fois, Philippe De Georges nous accompagnera dans cette recherche, pour éclairer ce que nous entendons par branchement, débranchement, rebranchement.

  Et nous aurons deux invités :

  • Le professeur Guy Briole, qui a été président de l’École de la Cause freudienne. Il interviendra dans le cadre des Conférences du Champ freudien sur le traumatisme.
  • Ligia Gorini, pédopsychiatre, psychanalyste, qui exerce au CHS de Ville-Évrard et que vous avez pu entendre lors du dernier colloque UFORCA.

  Elle animera la Conversation annuelle qui se déclinera en plusieurs séquences : les flèches cliniques, la table ronde autour de la question « Comment répondre aux tristesses du temps présent ? », la conversation clinique avec un patient et la conférence.

 

  Ajoutons que pour ouvrir au mieux l’abord de l’enseignement lacanien, et pas seulement aux nouveaux, nous lançons cette année une nouvelle séquence intitulée « Introduction à la psychanalyse ».

 


 

[1] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p.321.
[2] Miller J.-A., « Vers Pipol 4 », Mental, n°20, février 2008, p.186.
[3] Ibid.